04 août 2005

panne sèche à arroser

Presque un mois sans entrer un quelconque texte ou une image; on est rendu en août et toutes les échéances s'approchent comme des urubus à la tête écarlate.
La source s'assèche? Et pourtant.
Hier, vu: Un long dimanche de fiançailles de J.P. Jeunet, excellent et triste à pleurer. La guerre dans son éclatante bêtise, son horreur sans cesse renouvelée; le film se transpose en polar, en recherche désespérée; les images sont superbes, les acteurs fétiches retrouvés, comme sortis d'une boîte à souvenirs, distillent dans ce merdier, l'essence d'un bonheur et d'une chance fragiles et incroyables.
Aussi vu : I love Huckabees
J'ai bien aimé le style déjanté et hypocondriaque, le questionnement philosophique légèrement névrotique et les petits effets visuels simples mais réussis.

Aussi terminé la lecture de "11 minutes" de Paulo Coelho, recommandé par JP, très différent des autres livres du même auteur, qui malgré leur intérêt réel tombent parfois dans une spiritualité un brin nouvelâgiste, shambala et autre prophéties andines. Ici l'histoire est plus épicée, touchant des sujets tels la prostitution, le sado-masochisme, le tout lié à la sauce existentialiste, voire eschatologique (l'étude des croyances relatives à la fin du monde, pas la scatologie, qui est une science beaucoup plus brune;o)), avec le sens de la vie, la quête existentielle, toute la lyre quoi... Une excellente lecture de voyage ou de vacances, assez provocante pour laisser songeur, assez profonde pour qu'on y repense plusieurs jours plus tard.

Entrepris: "Carnet de voyage d'un sceptique", d'Aldous Huxley.
J'ai toujours aimé Huxley, depuis l'adolescence (en lisant Le Meilleur des Mondes), je me suis identifié à son approche, à sa manière de décrire et de décortiquer les personnages, d'aller dans les profondeurs de l'esprit tout en racontant des histoires un peu triviales. Ensuite j'ai suivi sa démarche à travers "Les Portes la Perception", "Philosophia Perennis", "Le Génie et la Déesse", ce qui m'a amené à mieux connaître cet intellectuel un peu froid, qui avait aussi développé une technique d'amélioration de la vue à travers divers exercices, végétarien adepte de méditation qui tout en écrivant une douzaine de romans, de la poésie, arrivait à tisser un pont entre les recherches psychiques, la science et l'humanisme.
Ce carnet de voyage a malheureusement une petite odeur de colonialisme trop bien assumé, et même si l'auteur a conscience de l'odieux des habitudes et des états de fait qu'il décrit dans ses promenades au Kashmir et en Indes, on ne peut que constater qu'il profite des déséquilibres sociaux comme un visiteur d'un autre espace-temps qui constaterait les dégats d'une catastophe avant de retourner dans son hotel cinq étoiles.
N'en étant qu'au début, je conserve mon évaluation finale mais à date son carnet fait un peu trop critique sociale et anthropologique d'un bon intellectuel anglais visitant les pigmés.