10 janvier 2005

l'hiver

ravi au lit vert; de retour au travail, l'autobus, la gadoue, les mêmes voyageurs, toute la rue Peel de haut en bas, jusqu'au canal Lachine, maintenant gelé dur, jusqu'à la rue Centre. Comme chaque matin, je marche vers le prochain coin de rue derrière le même homme avec son chien; il entre toujours au même arrêt, il s'asseoit à gauche de l'entrée, à la première place et contraint son labrador noir à se mettre entre ses jambes; les gens hésitent derrière lui et patientent, certains parlent au chien qui lève le nez et ses bons yeux; lui, il a les yeux fermés, comme cousus, un peu creux, il est très habillé; nous sortons donc au même arrêt, les gens s'écartent; je prends mon temps avant de le suivre très tranquillement, en fait, ça me force à prendre le temps de regarder autour, comme les trottoirs sont glissants et rarement nettoyés je le laisse prendre son avance, je ne veux pas les déranger en les dépassant; ça n'a pas l'air si simple de marcher dans le noir, même avec un labrador; il frôle parfois le mur et s'accroche même les pieds; traverser la rue est un acte de bravoure et de précision.
Il arrive à l'édifice, il ouvre la porte de droite, moi celle de gauche; nous nous retrouvons devant les portes de l'ascenceur; nous entrons, je lui demande: "Cinquième étage?" Oui, merci. Il regarde droit devant lui. Il sort et s'en va travailler.

09 janvier 2005

2005

Suivant la proposition déjà usée selon laquelle le battement d'aile d'un papillon peut avoir des répercussions aux confins de l'univers on peut penser que les récents débordements de la nature résultent d'un vilain toussement de notre créateur, en tous cas, de causes et d'effets dépassant largement les limites de notre pauvre compréhension humaine. Des éminences religieuses jusqu'au plus commun des mortels, chacun a tendance à se questionner plus lourdement lorsque de tels événements, terribles et destructeurs brisent la chaîne de la vie "normale" et du même coup tranchent le lien tacite que l'on entretient avec notre supposé créateur dont les forces vives soudainement se bousculent et menacent notre existence même par cataclismes et autres explosions des forces délétères de la nature; les plus primitifs blameront les comportements fautifs des victimes, d'autres remettront en cause les capacités omnipotentes de leur déité respective, chacun se sent moins rassuré; aucun ange ne veille sur nous, semble-t-il? Si les enfants, les mères, les personnes agées, des milliers d'innocents peuvent être balayés d'une vague, quel est le sens de la vie?
Que vaut une vie? Tout ce qu'on est.