10 janvier 2005

l'hiver

ravi au lit vert; de retour au travail, l'autobus, la gadoue, les mêmes voyageurs, toute la rue Peel de haut en bas, jusqu'au canal Lachine, maintenant gelé dur, jusqu'à la rue Centre. Comme chaque matin, je marche vers le prochain coin de rue derrière le même homme avec son chien; il entre toujours au même arrêt, il s'asseoit à gauche de l'entrée, à la première place et contraint son labrador noir à se mettre entre ses jambes; les gens hésitent derrière lui et patientent, certains parlent au chien qui lève le nez et ses bons yeux; lui, il a les yeux fermés, comme cousus, un peu creux, il est très habillé; nous sortons donc au même arrêt, les gens s'écartent; je prends mon temps avant de le suivre très tranquillement, en fait, ça me force à prendre le temps de regarder autour, comme les trottoirs sont glissants et rarement nettoyés je le laisse prendre son avance, je ne veux pas les déranger en les dépassant; ça n'a pas l'air si simple de marcher dans le noir, même avec un labrador; il frôle parfois le mur et s'accroche même les pieds; traverser la rue est un acte de bravoure et de précision.
Il arrive à l'édifice, il ouvre la porte de droite, moi celle de gauche; nous nous retrouvons devant les portes de l'ascenceur; nous entrons, je lui demande: "Cinquième étage?" Oui, merci. Il regarde droit devant lui. Il sort et s'en va travailler.