06 septembre 2010

Cloridorme c'est fini! et dire que ...

Si vous aimez le grand air, si l'iode va bien à votre teint, si la conduite sportive ne vous fait pas peur, si vous appréciez le poisson, le vent, le ciel, la mer, les oiseaux, les roches, les panoramas solitaires, le cri des corneilles, des sternes, des fous (de Bassan), le bon monde, la Gaspésie est pour vous.
Prenez la 132, c'est un ruban de plusieurs centaines de kilomètres entourloupé au bord du fleuve, un réseau naturel de montagnes russo-gaspésiennes, avec des escarpements à vous écraser dans votre siège et des perspectives infinies de lacets de route qui se perdent dans le lointain.

Mais premièrement la Gaspésie ce n'est plus ça :


ou ça :
Ça existe encore mais c'est maintenant l'exception.
Merci à ceux qui ont fait les efforts nécessaires, la Gaspésie est maintenant bordée de haltes propres et de "villages-relais", les trottoirs ne sont plus enlevés après la fête du travail;o) Les maisons sont repeintes et coquettes, les gens sont vraiment sympatiques, et l'air est tellement bon qu'on en rapporterait un plein bol en ville si on le pouvait.

Malgré tous les petits progrès on peut se demander :
Par quel manque de gouvernance, par quelle incurie gouvernementale, par quelle stupidité, cette région demeure-elle sous-exploitée? Pas saignée comme par les siècles passés...
Juste bien servie.
Il y a tant à faire pour mieux utiliser le potentiel de la région tout en respectant l'environnement.
Les éoliennes ? Quelle horreur ! Au début, une seule éolienne à Cap Chat c'était une curiosité, maintenant une dizaine qui apparaissent au détour d'une courbe, ça fait mal aux yeux.
Et maintenant on devrait avaliser les forages dans le golfe et l'exploitation des ressources à tout prix ? Imaginez ce qu'ils pourraient faire...


Évidemment ils ne pourraient pas forer à Forillon;o)
Mais après avoir vu le panorama piqué d'éoliennes... Mieux vaut prévenir :


On s'est arrêté à Cloridorme (qui fêtait ses 175 ans!) pour quelques jours, on a eu la chance de louer une superbe maison à très bon prix, avec vue sur le petit port, à moins d'une heure de Forillon et de la plage de Cap aux Os. Nous nous y sommes baignés, les crabes nous ont un peu grignoté les orteils mais juste entrer dans l'eau, passés les mollets, un 2 septembre c'est presque un record.


J'aurais voulu aussi photographier les champs de la basse Gaspésie, les récoltes prêtes, à perte de vue, les foins jaunes presqu'en feu. Photographier le vent qui brasse les pissenlits au bord du fleuve. Ce sera pour la prochaine fois.


J'ai même "jiggé" un maquereau au quai de Grande Vallée, ça faisait un quart d'heure que je les regardais faire, une gentille pêcheuse m'a prêté sa canne (elle avait le coeur sur la main, c'est le cas de le dire...), et m'a montré à envoyer le "lançon" aussi loin que possible, c'est pas compliqué. Elle en avait attrappé et fileté une centaine la veille, pour son propre fumoir. L'opération nettoyage est sanglante, attention aux sensibles : elle m'a même montré comment le coeur du maquereau continuait à palpiter et à battre longtemps dans sa main:

La Gaspésie c'est ça aussi : un monde un peu dur, qui a connu la faim et la misère, les hivers de dix pieds de neige, des tempêtes qui durent trois jours. Mais les gaspésiens sont aussi tendres et généreux et ils ont toujours un peu de mer au fond des yeux.

En tous cas si vous avez une chance, allez-y, ça fait un bien énorme!