25 avril 2015

De "Pièces, clés et autre droits de passage" à "Lettre à un jeune grand-père"


Transmutations et métamorphoses



Demain je présenterai mon livre d'artiste à la Bibliothèque Francine Paquette de Val-Morin.

Au fil du temps et des projets une évidence m'apparaît.

L'impermanence est le battement du coeur du monde, un état sans cesse renouvelé au travers lequel notre existence se réalise; un instant court et furtif qui semble se solidifier dans le temps, un clignement de notre Oeil, un moment d'illusion rassurant et trompeur, qui semble fixe, mais qui n'est pourtant jamais immobile et toujours éphémère.











Parmi tous les objets, bibelots, breloques, boutons et vieilles photographies héritées de génération en générations, un ensemble s’est vite imposé pour surplomber la pacotille :
Le portefeuille contenant toute la correspondance de mon grand-père inconnu, les objets trouvés sur lui après sa mort dans les tranchées, son rasoir, des bagues de fer blanc, un coupe-papier fabriqué pour tuer le temps entre les tueries. Aussi, les lettres pleines d’espoir de retour envoyées à ma grand-mère du côté paternel pendant trois longues années.
Toute l’histoire intime de cet amour remplissant entièrement en menus caractères, toute la surface des cartes postales et les lettres sur le papier maintenant vieilli.
Ce destin tragique a marqué toute ma famille, depuis l’appel sous les drapeaux de mon grand-père par la mère patrie, jusqu’à son décès dans la terrible bataille de la Somme.
J’en garde le souvenir de ma grand-mère portant son veuvage comme une noirceur toute catholique et l’anti-militarisme de mon père enfant orphelin, particulièrement marqué lui-même puisque rappelé sans honte aucune pour défendre sa France et la “civilisation” à l’aube de la deuxième grande guerre.