Fin de semaine passée à QC City, superbe exposition Claudel/Rodin, très belle présentation aux ambiances d'atelier; des dizaines de sculptures, de moulages, de documents et d'artefacts de toutes sortes créés et échangés par les deux artistes donnent forme à leur relation. La maîtrise technique et artistique participe au succès de l'événement et la confrontation des styles proches mais subtilement différents fait ressortir la quête d'une beauté simple et poétique qui émane de chacune des oeuvres au point de nous pousser par instant vers le syndrome de Stendhal, le choc esthétique étant souvent assez intense pour arrêter les visiteurs, bouche bée, devant tant de beauté vraie. La juxtaposition des oeuvres de Camille Claudel et de Rodin renforce en synergie la présence des oeuvres de l'un et de l'autre; lors de mon premier voyage en Europe, ma visite du musée Rodin ne m'avait pas autant impressionné, il manquait probablement la touche des oeuvres de Camille pour donner une réplique féminine et plus tendre aux monuments dudit maître. Il ne sert à rien de comparer ces artistes cannibales, ils sont au sommet et entonnent le même cantique éternel; restent les formes, les marbres et les titres qui descendent jusqu'à nous: Clotho, la petite Châtelaine, Psaume, la Valse, dansent avec Jean Baptiste et Ugolin aux portes de l'enfer.
Aujourd'hui il pleut des hallebardes, il tombe des trombes d'eau sur la tête des passants; ici et ailleurs plusieurs ne veulent pas y croire, ils se promènent sans imper ni paramerde, en espérant passer entre les gouttes; pour passer, ça va passer en effet, mais on ne pourra pas arrêter ça en mettant sa main devant, y'a qu'à voir le temps sur la nouvelle orléans, les dernières mise à jour sur la fonte accélérée de la calotte glacière, le prix de l'essence qui monte et remonte.
Mais rien n'arrêtera le progrès, la presse continue d'imprimer un cahier entier sur les voitures à chaque semaine et les gros chars, chancres sombres et polluants sur la lèvre de notre suffisance imprègnent l'air de leur haleine autosatisfaite.
En attendant ça pleut... et les gouttes qui frappent les vitres du studio parlent d'automne et de travail. Bon il est 14:00 et je n'ai pas bouffé, j'ai une de ces faims.
Sur les arts, la musique, des images, des photos, des liens, à partir de Montréal, de moi, sur la vie, la mienne, vers celle des autres, ici, ailleurs.
31 août 2005
23 août 2005
19 août 2005
De l'autre côté de l'été
Passé quelques jours à Val David et c'est apparu juste au tournant du chemin; entre une grappe de cerises sauvages luisantes comme des perles de rubis et les feuilles percées par les abus des chenilles, une rumeur murmurée par le vent et chantée par les nuages: on tourne la page d'un autre été; les fruits vont mûrir, les feuilles deviendront rouges à en tomber, mais maintenant, ce soir, quand le soleil s'est caché derrière les montagnes, quand le serin est tombé, on a bien senti que le froid était revenu prendre sa place et avec un gros 8 degrés Celsius en fin de soirée on n'a moins envie d'aller se baigner que de mettre un gros chandail pour regarder se gonfler la presque pleine lune du mois d'août. Finie la canicule, et les sueurs de juillet, les longs nuages qui ont caché la lune tournent au violet et parlent de récoltes, d'automne et de chasses.
04 août 2005
panne sèche à arroser
Presque un mois sans entrer un quelconque texte ou une image; on est rendu en août et toutes les échéances s'approchent comme des urubus à la tête écarlate.
La source s'assèche? Et pourtant.
Hier, vu: Un long dimanche de fiançailles de J.P. Jeunet, excellent et triste à pleurer. La guerre dans son éclatante bêtise, son horreur sans cesse renouvelée; le film se transpose en polar, en recherche désespérée; les images sont superbes, les acteurs fétiches retrouvés, comme sortis d'une boîte à souvenirs, distillent dans ce merdier, l'essence d'un bonheur et d'une chance fragiles et incroyables.
Aussi vu : I love Huckabees
J'ai bien aimé le style déjanté et hypocondriaque, le questionnement philosophique légèrement névrotique et les petits effets visuels simples mais réussis.
Aussi terminé la lecture de "11 minutes" de Paulo Coelho, recommandé par JP, très différent des autres livres du même auteur, qui malgré leur intérêt réel tombent parfois dans une spiritualité un brin nouvelâgiste, shambala et autre prophéties andines. Ici l'histoire est plus épicée, touchant des sujets tels la prostitution, le sado-masochisme, le tout lié à la sauce existentialiste, voire eschatologique (l'étude des croyances relatives à la fin du monde, pas la scatologie, qui est une science beaucoup plus brune;o)), avec le sens de la vie, la quête existentielle, toute la lyre quoi... Une excellente lecture de voyage ou de vacances, assez provocante pour laisser songeur, assez profonde pour qu'on y repense plusieurs jours plus tard.
Entrepris: "Carnet de voyage d'un sceptique", d'Aldous Huxley.
J'ai toujours aimé Huxley, depuis l'adolescence (en lisant Le Meilleur des Mondes), je me suis identifié à son approche, à sa manière de décrire et de décortiquer les personnages, d'aller dans les profondeurs de l'esprit tout en racontant des histoires un peu triviales. Ensuite j'ai suivi sa démarche à travers "Les Portes la Perception", "Philosophia Perennis", "Le Génie et la Déesse", ce qui m'a amené à mieux connaître cet intellectuel un peu froid, qui avait aussi développé une technique d'amélioration de la vue à travers divers exercices, végétarien adepte de méditation qui tout en écrivant une douzaine de romans, de la poésie, arrivait à tisser un pont entre les recherches psychiques, la science et l'humanisme.
Ce carnet de voyage a malheureusement une petite odeur de colonialisme trop bien assumé, et même si l'auteur a conscience de l'odieux des habitudes et des états de fait qu'il décrit dans ses promenades au Kashmir et en Indes, on ne peut que constater qu'il profite des déséquilibres sociaux comme un visiteur d'un autre espace-temps qui constaterait les dégats d'une catastophe avant de retourner dans son hotel cinq étoiles.
N'en étant qu'au début, je conserve mon évaluation finale mais à date son carnet fait un peu trop critique sociale et anthropologique d'un bon intellectuel anglais visitant les pigmés.
La source s'assèche? Et pourtant.
Hier, vu: Un long dimanche de fiançailles de J.P. Jeunet, excellent et triste à pleurer. La guerre dans son éclatante bêtise, son horreur sans cesse renouvelée; le film se transpose en polar, en recherche désespérée; les images sont superbes, les acteurs fétiches retrouvés, comme sortis d'une boîte à souvenirs, distillent dans ce merdier, l'essence d'un bonheur et d'une chance fragiles et incroyables.
Aussi vu : I love Huckabees
J'ai bien aimé le style déjanté et hypocondriaque, le questionnement philosophique légèrement névrotique et les petits effets visuels simples mais réussis.
Aussi terminé la lecture de "11 minutes" de Paulo Coelho, recommandé par JP, très différent des autres livres du même auteur, qui malgré leur intérêt réel tombent parfois dans une spiritualité un brin nouvelâgiste, shambala et autre prophéties andines. Ici l'histoire est plus épicée, touchant des sujets tels la prostitution, le sado-masochisme, le tout lié à la sauce existentialiste, voire eschatologique (l'étude des croyances relatives à la fin du monde, pas la scatologie, qui est une science beaucoup plus brune;o)), avec le sens de la vie, la quête existentielle, toute la lyre quoi... Une excellente lecture de voyage ou de vacances, assez provocante pour laisser songeur, assez profonde pour qu'on y repense plusieurs jours plus tard.
Entrepris: "Carnet de voyage d'un sceptique", d'Aldous Huxley.
J'ai toujours aimé Huxley, depuis l'adolescence (en lisant Le Meilleur des Mondes), je me suis identifié à son approche, à sa manière de décrire et de décortiquer les personnages, d'aller dans les profondeurs de l'esprit tout en racontant des histoires un peu triviales. Ensuite j'ai suivi sa démarche à travers "Les Portes la Perception", "Philosophia Perennis", "Le Génie et la Déesse", ce qui m'a amené à mieux connaître cet intellectuel un peu froid, qui avait aussi développé une technique d'amélioration de la vue à travers divers exercices, végétarien adepte de méditation qui tout en écrivant une douzaine de romans, de la poésie, arrivait à tisser un pont entre les recherches psychiques, la science et l'humanisme.
Ce carnet de voyage a malheureusement une petite odeur de colonialisme trop bien assumé, et même si l'auteur a conscience de l'odieux des habitudes et des états de fait qu'il décrit dans ses promenades au Kashmir et en Indes, on ne peut que constater qu'il profite des déséquilibres sociaux comme un visiteur d'un autre espace-temps qui constaterait les dégats d'une catastophe avant de retourner dans son hotel cinq étoiles.
N'en étant qu'au début, je conserve mon évaluation finale mais à date son carnet fait un peu trop critique sociale et anthropologique d'un bon intellectuel anglais visitant les pigmés.
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