12 juin 2005

La course

Journée et semaine de smog à Mtl. Une chape de brouillard gris ouaté s'étend de l'est à l'ouest, l'alerte est donnée aux asthmatiques; il fait une chaleur étouffante.
Pour fêter ça, hier, on sortait les bolides, un cortège de ferrari rouges descend peel en klaxonnant, les rues sont bloquées, le plus gros événement commercial de l'été explose comme une molécule d'essence hypermodifiée dans le piston architecturé de la ville. On célèbre la vitesse, on fête l'argent, la testostérone, le tuyau d'échappement.
Dans les médias, on suppute, on microseconde, on centimètrecule. Une foule de badauds multicolores vient respirer une grande bouffée de monoxyde à l'autel de l'auto. N'est ce pas ironique?
On nous met en garde sur les paquets de cigarette, on nous demande de porter le casque en vélo, on nous dit de manger vert, de recycler, que la couche d'ozone, que le réchauffement de la planète,
On est tous contents, la quête de la vitesse, le progrès, le dépassement, sont les grandes valeurs de notre époque. Peut on être contre? Quand on voit ces bolides, fuselés et labelisés, vrombissant d'impatience, à la ligne de départ, prêts à carboniser des hectolitres d'explosifs, quand on entend gueuler les présentateurs qui tentent de nous transmettre leur fièvre et de couvrir le vacarme, quand ça rapporte tellement.
Il y a aussi de bonnes nouvelles pour l'humanité, comme l'annulation de la dette (40 milliards) de 18 pays par les ministres des finances du G8.
C'est dimanche, la brume se lève, sur la montagne le vent dans les feuilles berce les arbres, je vais passer aux tamtams. La course est finie...jusqu'à demain.